Toute la beauté du monde n’a pas disparu, Danielle Younge-Ullman

Toute la beauté du monde n’a pas disparu, Danielle Younge-Ullman

Est-on le fruit des aspirations de nos parents? De leurs réussites et de leurs échecs? C’est la grande question de ce roman édité par Gallimard jeunesse, dans la collection Scripto. Mais c’est aussi la grande question de notre vie. À laquelle s’en ajoute, encore plus tortueuse et perturbante, quel rôle a notre mère dans nos choix? Quelle est sa place dans notre existence?

Le pitch.

Ingrid a toujours vécu dans l’ombre de sa mère. Une mère à la Janus, qui a deux visages. Celui de Margot-Sophia LaLonde, chanteuse d’opéra, diva plus que séduisante, vivant dans les grandes capitales européens, écumant les salles de concert les plus célèbres, entraînant sa fille dans un tourbillon de succès, de beauté et de richesses. Puis, il y Marg, la diva déchue, à la voix à jamais éteinte, étoile brisée dans son ascension, qui ne quitte pas son lit quand elle n’arrive plus à faire face à l’échec de sa vie. Deux existences que tout opposent, en une seule personne, une seule mère.

L’ombre de Marg et Margot-Sophia plane sans cesse sur Ingrid, comme une épée de Damoclès à la forme humaine. Ingrid tente de fuir la musique, et sa mère encourage ce geste en raillant sa voix et en faisant taire les radios de la maison. Mais trop tard, le talent familial la rattrape et Ingrid se voit propulsée sur la scène de son lycée et obtient le rôle principal du magicien d’Oz. Marg grince des dents. D’autant plus qu’Ingrid se voit acceptée dans une prestigieuse école londonienne. Après bien des batailles mère finira par accepter de signer son inscription. À une seule condition. Qu’Ingrid participe à un camp dans la nature, aux confins du Canada. Pour prouver … Oui pour prouver quoi? Ça c’est à vous de le découvrir!

Ce livre m’a fait beaucoup réfléchir aux questions que je pose au début de l’article. D’abord, en me mettant dans la peau du personnage. J’étais révulsée par cette mère hystérique, qui privait sa fille de tout. D’une existence normale, heureuse mais qui réprimait en sa fille le talent qu’elle n’avait plus. Et au nom de quoi? De l’amour. Pour la préserver de l’échec qu’elle pourrait connaître. J’ai trouvé que son attitude était une forme de malveillance, voire de maltraitance. Mais je pouvais aussi comprendre ce besoin de protéger sa fille. Car combien de parents veulent le meilleur pour leur progéniture? La meilleure école primaire? Le meilleur lycée? Le meilleures études? Le métier le plus prestigieux?

Illustration photographique du livre Toute la beauté du monde n'a pas disparu de Danielle Younge-Ullman

C’est un livre à mettre entre les mains de tous les parents. Surtout entre les mains de ceux qui attendent trop de leurs enfants. Ou de ceux qui répriment un talent artistique évident, avec pour argument: « C’est un secteur bouché, on n’y gagne pas sa vie, tu ne deviendras personne… ». J’en ai connu des parents comme ça, j’en connais encore. J’espère qu’ils ont changé ou qu’ils changeront… À bon entendeur!


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