Long week-end de Joyce Maynard

Long week-end de Joyce Maynard

La fois précédente, lorsque je mentionnais Indian Creek de Pete Fromm, je disais que, durant ma lecture j’avais eu dans la tête la bande originale du film Into The Wild de Sean Penn. Pendant Long week-end, j’ai beaucoup pensé au film de Clint Eastwood, Un monde parfait. Vous savez ce film dans lequel un Kevin Costner en cavale prend en otage un petit garçon, avec qui il finit par se lier. Cela se passe l’été, la chaleur est torride, la tension à son comble. C’est un film que j’aime beaucoup.

J’ai aimé encore plus le livre de Joyce, légèrement semblable mais si différent.

Long week-end a une histoire similaire. Un prisonnier s’évade et rencontre dans un supermarché Adèle et son fils Henry âgé de treize ans. Il offre son aide à Adèle pour de menus travaux, en échange d’un abri et de soins. La petite famille bancale embarque Frank, ayant pleinement conscience de commettre un délit.

Vont se créer des liens. D’abord paternels entre Henry et Frank. Et amoureux, entre Adèle et le taulard. Un huis clos d’amour, de confrontations, de doutes et de trahisons.

Je voulais lire Joyce Maynard depuis un moment et j’ai été vite conquise. Par la finesse des relations entre les personnages qu’elle dépeint, mais aussi sa façon de créer une atmosphère estivale, où l’on sent la chaleur étouffante de la petite maison de banlieue. Où la présence des voisins se fait oppressante, où la force de la relation entre Frank et Adele écrase Henry par sa sensualité, sa force et son irrationalité.

Adele ce personnage à fleur de peau, hypersensible, qui se laisse glisser dans un état de torpeur surréaliste. Frank l’en sort, panse ses blessures si vieilles, si profonde que la jeune femme renaît à la vie. Une femme faible et forte.

J’ai été très touchée par la fin du roman, une fin si belle, si touchante comme on en voit rarement.

Extrait.

« On ne parle que de passion, folle, sauvage. En tout cas dans les chansons. Ta mère était comme ça. Elle était amoureuse de l’amour. Elle ne pouvait rien faire à moitié. Elle ressentait tout si profondément qu’elle n’arrivait pas à suivre, le monde la dépassait. Chaque histoire qu’on lui racontait – un enfant atteint d’un cancer, un vieil homme qui venait de perdre sa femme, ou son chien, elle la prenait pour elle. Comme s’il lui manquait la couche externe de l’épiderme qui permet aux gens d’agir sans saigner au moindre choc. Oui, tout le monde la dépassait.

Moi je suis plutôt du genre engourdi, ajouta-t-il. Même si je loupe des trucs, tant pis ».

N’avons nous pas tous ce côté d’Adele? Ces sentiments exacerbés lorsque nous apprenons de tristes nouvelles? N’est-ce pas tout simplement la peur que cela nous arrive? Que l’insurmontable nous touche et que nous ne puissions plus y arriver?


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