Le journal malgré lui de Henry K. Larsen, Susin Nielsen

Le journal malgré lui de Henry K. Larsen, Susin Nielsen

Les livres de Susin Nielsen me font toujours l’effet d’une bombe vitaminée, d’un jus frais et acidulé qui étanche votre soif, d’une soirée entre amis sous des guirlandes colorées à mater un bon concert et savourer une bière fraîche et riche en goût. On en ressort requinqué, remonté, appréciant et savourant plus que jamais la vie.

Dans mes fantasmes, je me rêve souvent en auteur jeunesse à succès qui plaque son métier d’instit’ pour écrire des best sellers. Tout le monde s’accorderait sur mon génie et me complimenterait sur ma plume. J’y répondrais par un rire de gorge savamment étudié et chasserait les compliments d’un geste étudié et … Trève de plaisanterie, ne nous écartons pas du vif du sujet car les livres que j’aurais voulu écrire l’ont tous déjà été. Par Susin Nielsen. Du coup, je continue ma vie de maîtresse et je lis ses romans. Ses pépites vitaminées vibrantes de justesse.

Henry K. Larsen a environ 14 ans. Il habite seul avec son père à Vancouver dans un appartement miteux, entouré de voisins plus glauques les uns que les autres. Au collège, il n’a que très peu d’amis dont Farley Wong, un drôle d’asticot, toujours en chemisette, avec la poche de poitrine emplie de crayons et les culs de bouteille en prime s’il vous plaît. Ce dernier a la bonne idée de le traîner à ses entraînements de « Que le meilleur gagne », sorte de quizz pour les lycéens plus qu’intelligents, mix entre Time’s up et Questions pour un Champion. Henry se laisse un peu porter dans sa vie de collégien, il n’est pas tout à fait là, toujours un peu ailleurs. Et quand son psy essaie de le faire revenir parmi nous, il va carrément jusqu’à se transformer en cyborg pour éviter de parler DU sujet.

Oui parce qu’Henry et sa famille ont connu un drame, avec un grand D. Un drame qui fait que notre livre a des airs d’Elephant de Gus van Sant et qu’il est sacrément génial. IL peut même devenir politique mais trop m’étendre sur le sujet risquerait de vous spoiler un peu, donc je me tais.

Allez, les premières phrases de ce petit bijou, une fois n’est pas coutume:

« LE SAVIEZ-VOUS? Le mot « psychologie »vient du grec « psyché ». Il signifie étude de l’esprit.

Je voudrais bien qu’on arrête d’étudier le mien d’esprit. C’est trop glauque de faire ça. Mais papa dit que je n’ai pas le choix.

Cecil n’ a pas une tête de psychologue, cela dit. Déjà, il s’appelle Cecil. Sur sa porte, au centre médical, il y a une plaque en plastique marquée DR LEVINE, mais quand je l’ai appelé ainsi, au début de notre première rencontre, il m’a tout de suite dit : « Je t’en prie, appelle-moi Cecil. » En rentrant, j’ai cherché l’origine de son prénom, et devinez un peu ce que ça veut dire : « Qui voit mal ou est aveugle ».

Ça s’annonce bien!

Cecil a les cheveux gris et longs, attachés avec un chouchou. Un chouchou! Aujourd’hui, pour notre troisième séance, il portait encore un tee-shirt tee-and-die, violet cette fois. Dis donc, Cecil, j’ai eu envie de lui dire, les années soixante ont appelé, elles voudraient récupérer leur look!« 

Alors, ça vous tente?


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