La route du retour de Jim Harrison chez @belfond

« Je venais de lui raconter une anecdote alors que j’avais sept ans, c’était en fait la veille de mon anniversaire, et ma mère venait d’apprendre le décès de son frère ainé près de Buffalo Gap. Elle fit un petit feu près dans la cour, près duquel elle s’installa, pour se couvrir le corps de cendres grises, psalmodiant et se lamentant toute la nuit. »

Dans La route du retour, Harrison poursuit le récit qu’il avait entamé dans Dalva. Mais ici, il y a trois voix: celle du grand-père, du fils et de la mère de la jeune femme. Trois piliers essentiels de sa vie.

Ce portrait puissant d’une famille américaine des Grandes Plaines reprend à nouveau les thématiques chères à l’auteur: les Amérindiens, leur héritage et celui des Blancs, la famille, l’amour, les liens du sang et de l’esprit, la nourriture et l’art.

Peut-être que ce livre est plus fort encore que Dalva car il plonge plus profondément ses racines dans l’histoire de la famille et ses turpitudes. Les personnages se dissèquent eux-mêmes, revenant sur leurs actions passées, leurs histoires d’amour et de haine. Ces introspections douloureuses sont belles et fortes et nous disent à quel point Harrison est hanté par la cause indienne et par sa légitimité à dire la vérité en tant qu’artiste et écrivain.

Et que dire de cette Nature ô combien grandiose qui est au coeur de l’histoire. Cette Terre volée aux Indiens, aux herbes hautes et fauves qui ondulent sous le vent comme le pelage d’un gigantesque animal qui porterait le poids du monde sur son dos, où les torrents regorgent de poisson et de vie, surmontée par « une immense pâture de lumière », un ciel aux couleurs franches qui veille sur les Hommes, est à nouveau un personnage central du roman. Et de tous les autres de l’auteur.

Un grand roman du grand maître !

Vous l’avez lu? Vous aimé Jim Harrison ? Irez-vous voir le film documentaire réalisé par François Busnel ?